LEQT : Laboratoire des écritures du quotidien à Tokyo
Le LEQT est une plateforme d’exposition d’informations et d’écritures associée à Ecrirea.tokyo. Contact : ecrireatokyo@gmail.com
jeudi 26 décembre 2024
Les bureaux secrets de「Écrire à Tokyo」
dimanche 22 décembre 2024
Petite cloche de quelque part
Et puis on s’essaiera à la nostalgie, loin des centres hoffmanniens de la capitale. La salle est rouge, immensément étroite. Deux têtes de vieux dépassent des sièges cassés. Une vieille dame pianiste entre deux mondes sourit avec espièglerie. L’écran nous dit que son chat est mort. Elle prend son café à l’Étoile manquante et elle a 16 ans dans un corps de vielle poupée et son sourire dit qu’elle ne peut s’empêcher de tomber amoureuse. Si elle pouvait, elle peindrait toutes les touches du piano en noir. C’est la meilleure façon de peindre, dans le noir intérieur, ses châteaux d’émotions. On ne se refait pas dans le liminal.
dimanche 15 décembre 2024
Ecrire à Tokyo 2025
4 ans
1 livre
53 sessions
Voeux pour 2025 :
Perdurer 12 sessions
Approfondir thématiques et liens
Penser et s’engager dans le volume 2 d’Ecrire à Tokyo
Développer la participation (plus de membres actifs)
S’ouvrir à des intervenants du dehors
Le livre, volume 1. En profiter avant que le tarif Livres et Brochures à l’export de la Poste Française disparaisse en 2025. Stock actuel, environ 80 copies. Voir ici pour les détails sur comment l’acquérir. L’acheter, c’est bien. Le faire connaiitre, c’est encore mieux.
Tous les détails sur Ecrire à Tokyo ici.
lundi 18 novembre 2024
La Chose
Une soirée ÉàT (1991) |
Dans le cadre d'Écrire-à-Tokyo, le 16 novembre 2024 en soirée, a eu lieu une réunion au sommet dont le but secret fut de sommer de toutes parts Serge Cassini de s'expliquer sur son odieux texte La Chose japonaise. Une horreur littéraire, qui plus est, en accès libre. Et puis quoi encore ?
Les questions des organisateurs ont été dans l'ensemble bienveillantes. On s'interrogea sur le pourquoi de tant de « glauqueries » (sic). Pourquoi fictionner de la sorte ? L'auteur sentant qu'on lui enfonçait des aiguilles dans l'inconscient, a décidé, in extremis, de fournir un document justificatif. Reproduit ci-après.
#
Vingt ans en pente de défascination. On recule un peu plus en soi. On lance en rêve quelques tentacules blêmes vers du défendu.
Le Japon© est d’abord dans la tête. Ma sensation du Japon© est enfermée dans cet organe noir. Ce que la brume du texte essaie d’évoquer.
À chacun son altérité culculturelle la praline. Rétroviseur fantôme. Une laideur, une fadeur d’où perce la Japonaise©. Je vous prie de constater que votre invité se momifie dans un coin.
Je ne voudrais pas être taxé d’être-à-imagination. Je pars d’éléments du réel. Rassurez-vous. L’effet de lecture devra être cette transcription émotionnelle infidèle de la condition de l’allochtone.
La chose japonaise de Lacan devient, dans le texte, MacGuffin. Revenir au magasin nisshindō, à Shimoda. Car on voyage (si peu), on prend des notes qui feront office de filaments de mémoire de la rêvécriture.
Un auto-publié aura tendance à toujours tourner autour des mêmes idées-pots. Il finira par croire que ses TOCs le définissent. Cercle pervers. Ne pouvant couper deux trois idées, il se nécrose et ne passe pas à une autre chose, même japonaise©.
La matière réelle à pleines mains, s’enfoncer vers des surprises. Aller-retour micro-macro.
Vieille idée de bocal : The Jar. Vieille idée de l’ami mort qui laisse des écrits. Gérard L. (2015). L’histoire du Bordelais (synchronie, mec rencontré à l’Institut). Intertextualité, Tatami Story. Groupuscule d’amis (prescience de EàT). La mort absurde en terre étrangère, ses propres funérailles. Ridicule de la vie double. Scènes diverses retirées en creux (la femme triant au microscope les cendres, etc.), etc.
Non pas un texte qui explique le Japon©, décrit le Japon©, mais recrée une sensation d’y être pour toujours. Peindre, pas la chose, mais l'effet qu'elle produit.
Sensation du Japon©, masse indistincte, tirer à balle lucide dans la tête des personnages.
Solitude huilée. S’inventer un scénario de folie pour résister à la Normalie (bienséance virale, l’ennui encagé, éternelle gorgée de bière, regard sans tête sans enluminure, prophète de l’endormissement).
Entre irréalisme et bizarro : lois physiques en débandade et tropes potaches + Autofiction et 無修正. Flou narratif.
Structure en PATRIOCHKA.
(1 découverte de la tête
(2 la chose japonaise
(3 le groupe d’amis
(4 l’écrit de Jean
(5 une page de cahier)
) ) ) )
Un texte de SUBFICTION a pour ambition ultime (non-consciente) d’être macule de Rorschach. Chacun y voit midi à sa porte.
Au croisement, il faut choisir entre la Grande Fatigue et la Folie Simulée. Se scotcher les paupières dans le rêve. Jouer au limbique dans les limbes de la Normalie.
Quand je dis « écriture automatique », je dis « pas de préoccupation du beau style », « tunnel de l’acte d’écriture ». Quand je dis « étrangeté », je parle de ce sentiment que le Japon© en entier nous regarde de biais.
Saturé d’images frappantes et d’épisodes absurdes, souvent inquiétants, qui forment un puzzle mystérieux, l’ambiance étrange et la présence de détails incongrus dans des scènes banales (Cgpt).
Tokyo n’est que le couvercle d’un ennui congénital. Le crevard materné cherche à se compliquer le cerveau pour être au décentre du monde. Le cut-up est son petit ami imaginaire. Le bourdonnement culturel lâche ses harmoniques appelées angoisse. Attention à ne pas trop s’endoctriner d’oubli.
Ce n’est pas exactement le rêve nocturne ou la rêvasserie, ou même un exercice d’imagination. C’est un contrat de chamanisme énervé.
On joue en amateur à la lobotomie. On pense trop à l’alcool. Pour se redresser, on fantasme une sauce 超迷惑. S’égarer en criant gare, pendre ses repères, déconcerter la musique, plier le perplexe, tremper dans la tromperie, se réduire en erreur, s’enduire de séduction hors-sol. Il est très difficile de devenir fou à Tokyo. Rafistoler ce que l’on peut. Au cas où.
Fictionner plus vite que les ombres, pour ne pas retomber dans l’utérus du Japon©. Vivre comme une tête déjà morte dans le bocal de la solitude, dont Tokyo© est le couvercle.
# LIENS
sc
samedi 9 novembre 2024
Pastiche, malgré tout
– …
– Monsieur Francky ? demande l’assistante inquiète.
– … (Francky sourit à l’autre bout du fil)
– Euh, vous avez confélence sur la tlans-inteltextualité compalative mondiale dans l’oeuvle de Guillaume Nothomb, à Univerlsité Tokyo-Montana, suivi d’un bouffet…
– … (Francky émet un silence interrogatif)
– Euh, je clois que c’est viande d’émeu glillé, poudle de culy Sekiguchi, accompagnée de 純米原酒. Solbet yuzu de saison.
– C’est très bien, jeune fille.
– C’est moi dont je remelcie, Monsieur Francky-san…
(Il a déjà raccroché sa carrière d’interlocuteur téléphonique)
Donc, voilà, il faudrait d’ailleurs pouvoir écrire autre chose, écris-je. Moi ramdam minuscule, et écrire comme ça, cri à la radio. Allez, moi j’ai touché directement le Japon et ainsi donc, là, c’est encore toucher le multiple naissant, c’est-à-dire touchoter le singulier explosé, pour ne pas dire effleurer plus loin l’universel et le mystère de mon propre mouvement de création, à la fois point et ligne, touche-à-tout et touche-à-rien, toujours plus à l’aube des temps à venir, corail et perce-oreille, Kali-griffure silencieuse et vibrionnante dans le vide. Vous me l’enlevez de la douche. Quoi ? L’éponge de la bêtise. Partout des balafres, sur les visages et les cultures, pour quel règlement de compte ? Mes mots sont les fléchettes plantées dans le visage d’un ami. Je mets des bâtons dans les ruées de la danse. J’écourte l’orage quotidien le plus peuplé au monde. Je suis au centre de la vision animale qui échappe aux chasseurs. Hier, j’ai commandé des pinceladas del alba à un serveur unijambiste qui m’a rappelé un petit écrivain dont le nom m’échappe comme une fourmi blanche.
LE PLUS
GRAND
HAÏKU
DU
MONDE
=
plus
petit
haïku
du
monde
Vous êtes à la terrasse d’un café de Tokyo, comme le regretté Castleburne, le 4 août 2015. Vous êtes à ma place et je regarde les entrechats du chaos autour d’une jambe féminine en lévitation dans mon esprit. Je me dis comme un rêve, tiens, mais ici, comme dans un ailleurs enfoui, la perception du temps et de l’espace est perdu et retrouvé. Vous êtes un fantôme tremblant sirotant son tapioca et c’est aussi un temps créole cryogénisé venu du futur qui apparaît soudain comme un présage du présent. Vous êtes ligoté par des ramures souterraines qui sentent la rosée couchée sur l’asperge douce d’Ibaraki. Un mélange simple, mais un mélange, bon sang, au-delà de l’au-delà dans le sur-delà, dans la fissure glutéale, l’universelle cretonne qui m’attend, ou dit autrement, le sel des étoiles sur la salade de l’Histoire, où tout s’unit finement. Ceux qui connaissent Bashō par cœur (mon hypothèse étant que toute l’œuvre de Bashō est un immense roman inachevé) m’auront compris. C’est ce que vous dit ce cher Castleburne, l’ancien directeur de l’Institut, éventuellement un ami et un très grand multi-artiste gastronome encore méconnu de vous.
perruque blonde pour faire suédois
LSD de soleil
odeur douteuse dans le plastique noir
besoin
de vos sensations faibles
je déclare solennellement
que je n’aurai aucune théorie
pour ce paysage
Devenir japonais c’est soudain être cet observateur dissimulé derrière le paravent de la haute cordialité, se glisser dans la fissure sociale et attendre la cérémonie des hostilités, à la manière d’un grand voyeur sur le retour. Quand on est un mélange savant, être écrivain japonais revient à dire que l’on se présente au monde comme écrivain voyeur. La pluie se jette sur moi, quelque part entre nous, il fait beau. Je repense à cette très belle Japonaise qui m’a aimé avec naturel. Sa chevelure, d’une noirceur de début d’univers. Mon cœur voulait être sa naine rouge. Si je n’avais eu pas de fonction universitaire, j’aurais piétiné sa chevelure et je me serais perdu heureux dans le marécage de son corps, dans une enfance voyeuse et gentiment imbécile, j’aurais reluqué sous cape et sans imagination les possibles et les fissures. Comme je l’ai dit un jour, quand la fin du monde sonnera à la porte, le lézard ne bougera pas de son soleil. Je trinque intérieurement à la mémoire d’un attendrissant owner japonais de 98 ans, amateur de jazz et de posters érotiques. Le voyeur est un voyageur sans âge. Voilà ce qu’on cherche à dire avant sa naissance.
L’ennui
facile
Cest bien
& autre chose
C’est un peu comme la danse des fourmis dans les jambes. Vivre mieux consiste à faire un triangle, un origami en soie à trois face. Être tchèque à Rio et parler de Madagascar. Être italien à Osaka et parler de l’Alaska. L’infini sur une tête d’épingle, c’est le soir. Il faudrait pouvoir être ce mélangeur, ce noueur lyrique des contraires, jeteur de mots pour exégètes, découvreur d’oubliés de l’histoire, poisson-pilote des génies de l’ombre, mais toujours triangle, aile piétinée pour la bonne cause. Ce serait ça, être écrivain mondial aujourd’hui. Sans port, sans bateau et sans mer. Complètement créateur à l’heure du café. Suivre la musique de son stylo sur le papier washi de l’écartèlement mental. J’écris que j’écris. C’est de la magie. Une magie autre. Une magie dans la magie, que personne n’a jamais remarquée avant moi. La pointe du pinceau de la calligraphe inconnue, un triangle de poils en pointe pubienne, dont je reparlerai dans mon essai aux PUF sur la culture prostitutionnelle dans l’œuvre encore inédite de Tanizaki (gentil Tanuki écriveur, qui aurait dû être mon ami, si j’avais vécu à son époque).
sc